Rétrospective « Pernette Montet-Lézine » Du 3 au 18 septembre dernier,
Villefranche s’honorait en rendant hommage à une artiste jusqu’alors méconnue : Pernette Montet-Lézine. Fille aînée de Pierre Montet (1885-1966) égyptologue renommé, membre de l’Académie des Inscriptions et belles-lettres ainsi que de l’Académie de Villefranche, ses racines beaujolaises rejaillissent sur son Œuvre, pour le plus grand plaisir des Caladois. On doit cette exposition à ses trois filles, fondatrices de l’association « La collection Pernette Lézine » créée en 2020 à l’initiative même de l’artiste avant son décès, pour la promotion de son oeuvre.
C’est justement sur le thème des origines beaujolaises de la famille Montet que cette rétrospective d’une trentaine d’œuvres consacrait cet hommage à l’artiste disparue en 2020.
Parmi ces tableaux, se retrouvaient également quelques toiles sur le thème de la musique, de la danse ainsi que quelques paysages de Bourgogne. Portraits, paysages, natures mortes, l’artiste s’essayait à tous les domaines de la peinture, démontrant pour chacun d’eux une force créatrice entre figuratif et abstraction, avec l’inspiration des grands maîtres et des courants qui ont émaillé l’histoire de l’Art … Comment ne pas penser à Cézanne devant « Maison Corbigny » (2017) ou encore « Villefargeaux » (2012-2013) avec ces couleurs chaudes provençales.
Cette inspiration est d’autant plus probable que, dès 1961, l’artiste s’installe avec sa famille à Aix-en-Provence où vécut, mourut et produisit Cézanne. C’est d’ailleurs en Provence que Pernette Montet rentra dans l’atelier du peintre et critique d’art André Bourdil (1911-1982) où elle perfectionna son art. Les ciels de ses paysages sont tantôt menaçants voire écrasants sur « Paysage du Morvan » (2014) ou « Vers L’Emeuraude à Corbigny » (2017), tantôt d’un bleu très pur sur « Arbre » (2014).
Il suffit de peu de coups de pinceaux et peu de couleurs pour représenter un champ de « colza » (2001) ou une « route entre les fenouils » (2005) quand il en faut un peu plus pour rendre vivants ces bouquets, qu’on ne qualifierait pas de « natures mortes » ! Les reflets sur l’eau du canal du Nivernais, sujet récurrent des œuvres présentées, démontrent la maîtrise du dessin par ces jeux de lumière.
La diversité des techniques picturales, les variations multiples dans les thèmes abordés démontrent, s’il eût été besoin de le démontrer encore, le talent d’une artiste « touche-à-tout ». La touche libre n’est jamais linéaire, au contraire, elle est en mouvement perpétuel, une composante commune à tous les tableaux. L’exemple le plus saisissant est « la petite voiture rouge » sans laquelle le paysage resterait figé dans un rôle purement contemplatif. Enfin, les portraits nous plongent dans l’Histoire familiale, à la fin du XIXè siècle.
Les portraits photographiques de cette époque, souvent figés, servent seulement de support pour une réadaptation de la scène. Toujours dans un souci de « donner un mouvement à l’immobilité », l’arrière-plan du portrait de « la famille Montet en 1888 » redonne vie aux aïeux disparus via des tons jaunes et l’impression d’unité qui règne entre eux les extirpe de la pose photographique conventionnelle. Au fond, ce n’est pas le détail des visages qui compte mais les attitudes de chaque sujet et leurs rapports les uns envers les autres, symbole de la tendresse et de l’amour filial. À travers ce touchant portrait, l’artiste représente son père Pierre Montet, enfant, entouré de son frère et de ses parents, un véritable hommage à leur mémoire. Sans doute, Pernette Montet se souvenait-elle de sa jeunesse, des longs moments où elle assista son père à Tanis lors de la découverte des tombes royales et pour lequel elle pratiqua pour la première fois son art en recopiant les hiéroglyphes et les figures présentes sur les tombes, peu après sa formation à l’Académie Julian à Paris.
C’est toujours dans un hommage appuyé à la vie et au mouvement que la musique et la danse furent représentées fièrement parmi les œuvres présentées. Les corps se contorsionnent à l’extrême (« Mal barré » (2012), « Cabaret » (2018-19)) tandis que « le pianiste de jazz » (2010) et « le duo des chats » (2014-15) crient leur passion pour la musique. On en entendrait presque leurs voix tant les visages sont expressifs. Pernette Montet-Lézine est donc une artiste accomplie, dont l’œuvre jusqu’alors méconnu, reste encore à étudier. Son œuvre crie la Vie et nous avec elle ! Il serait bien injuste de lui refuser une place de choix dans l’un des Musées d’Art de notre belle région où sa Mémoire manque encore. Le Musée Paul Dini, célébrant les artistes de notre Région, pourrait fort bien devenir cet écrin et le début d’une reconnaissance posthume.
Maxime DEHAN 27 octobre 2022